Dans l'ancien régime, loger l’école, ne va pas sans difficultés, car dans l’église paroissiale elle nuit au recueillement des fidèles. C’est avec beaucoup de peine que l’on trouve un lieu à cause du bruit que font les écoliers et les désordres qu’ils entraînent toujours avec eux. C’est souvent, faute de mieux, dans le logement du maître que l’école s’installe ou dans un endroit abandonné de tous.
A la Révolution, dans toute les communes, les presbytères non vendus au profit de la République, sont mis à la disposition des municipalités, pour servir, tant au logement de l’instituteur, qu’à recevoir les élèves pendant la durée des leçons. Dans les communes où il n’existe plus de presbytère à la disposition de la nation, il sera accordé un local convenable pour la tenue des écoles primaires. (loi du 27 brumaire an 3)
Après le Concordat, les biens ecclésiastiques non vendus sont rendus à l’église et les instituteurs perdent le bénéfice des presbytères.
Généralement, il n'y a pas de locaux spécialement destinés à l'instruction. L'école est établie chez l’instituteur ou dans une maison ordinaire que l'instituteur prend à bail et qui répond du loyer ; seulement la commune lui accorde une allocation annuelle de 30, 40, 50 ou 60 F, sous le titre d'indemnité de logement.
Louis-Arsène Meunier, chargé de visiter les écoles de l’Eure en 1833, relate :
« L'habitation de l'instituteur ne se distinguait en rien des autres demeures villageoises: c'était une chétive chaumière composée uniquement de deux pièces, l'une servant de classe, l'autre, de logement à l'instituteur et à sa famille. Quoique la plus grande fût toujours affectée à la classe, les enfants y étaient souvent entassés les uns sur les autres, sans pouvoir bouger ni faire usage de leurs bras et sans qu'il restât le moindre vide, pour que l'instituteur pût circuler. Lui-même était comme un prisonnier dans l'étroit espace qu'il s'était réservé. Comme le plancher supérieur en était très bas et que le jour n'y pénétrait d'ordinaire que par une seule petite fenêtre, l'air en était vicié au point qu'on n'y pouvait entrer sans éprouver une suffocation. La chambre de l'instituteur, à usage à la fois de cuisine, de salle à manger, de chambre à coucher et de bureau, était un misérable réduit aux murailles nues, humides et enfumées. Point de cour de récréation: un coin du jardin tenait lieu de communs. »
La loi du 28 juin 1833 assure à l’école des ressources nécessaires à sa fondation, à la construction et à l’entretien de la maison qui lui est destinée.
Malgré les subsides de l’Etat en faveur de l'instruction primaire, une amélioration s'opère mais la situation reste déplorable.
Toute commune doit fournir à l'instituteur un local convenable, tant pour son habitation que pour la tenue de l'école, le mobilier de classe et un traitement. Cette loi de 1850 ne change rien.