La méthode concentrique et la méthode progressive
Pour bien enseigner aux enfants "ce qu'il n'est pas permis d'ignorer", il faut savoir choisir et doser, suivant leur âge, les connaissances qu'ils auront à assimiler. L'enseignement doit être gradué. C'est perdre le temps et gaspiller l'énergie des maîtres et des élèves que d'offrir à ceux-ci une nourriture pour laquelle ils n'ont pas de goût et que leur esprit ne saurait digérer. Telle était bien la pensée des auteurs du plan de 1887, et c'est pour ce motif qu'ils ont rédigé des programmes différents...
Mais, d'une part, ils ont peut-être éprouvé une confiance excessive pour la méthode dite "concentrique", qui fait reparaître, aux divers cours, les mêmes articles du programme en exigeant simplement qu'ils soient traités avec une ampleur croissante. Et d'autre part, ils ont été trahis, sur ce point encore par leurs interprètes. L'échelle construite par les auteurs du plan de 1887 s'est raccourcie... Ce n'est pas en sept ans, c'est en cinq que sont répartis les articles du programme.
Les graves inconvénients de cette précipitation nous ont amenés à penser qu'il fallait revenir à la conception de 1887...
Ainsi se différencient, dans le nouveau plan d'études, les cours de l'école primaire. Chacun a sa physionomie et sa signification. En passant de l'un à l'autre, l'écolier progresse...
Avec des écoliers de six à treize ans, il serait dangereux de renoncer à toute révision, à toute répétition... Mais, si l'on veut que l'élève travaille avec joie et avec profit, il faut lui éviter la monotonie des redites, le dégoût du déjà vu...
A la méthode concentrique préférez la méthode progressive. Celle-ci exige, comme celle-là, que les connaissances soient solidement acquises. Dans chaque cours, on s'assurera que les enfants possèdent bien les notions inscrites au programme ; dans chaque cours on procédera périodiquement à des révisions. On ne fera de nouvelles conquêtes que si l'on est sûr de bien tenir le terrain déjà conquis... Mais l'enfant n'en aura pas moins l'impression, en passant d'un cours à un autre, qu'il pénètre dans un monde nouveau.